Très beau film.
Beaucoup de réflexions saines et épurées.
Et ce silence qui semble gêné par sa grande soeur la Nature qui le cocoone.
J'ai beaucoup aimé ses messages intemporels destinés aux pierres.
Il n'a quand même pas pu rester seul, six mois, il a eu la nostalgie de pouvoir communiquer en société.
Ca me rappelle un autre film, d'un genre différent et pourtant avec beaucoup de points communs :
"Le Grand Silence" : six mois d'immersion dans un monde de méditation.
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Article paru dans l'édition "Le Monde" du 20.12.06
"Né en 1959, le documentariste allemand Philip Gröning souhaitait tourner un film sur cette forme d'apostolat mystique depuis 1984. Ce n'est qu'en 1999 qu'il a reçu une réponse positive du monastère. "Mon but, dit-il, était de faire un voyage dans un monde différent. Je voulais voir comment la structure du temps pouvait faire changer ceux dont la vie quotidienne se limite à la répétition perpétuelle de la prière dans une enceinte qu'ils ne quitteront plus jamais. Voir aussi l'impact de cette perception du temps sur les spectateurs."
Philip Gröning a vécu au monastère pendant six mois, partageant les mêmes règles de vie que celles des moines, contraint de respecter certaines conditions : son film devait se tourner sans lumière artificielle et ne devait contenir aucune musique additionnelle, aucun commentaire. Il devait être seul, sans équipe technique.
Ces 160 minutes de silence presque absolu ne sont brisées que par les psalmodies récitées en latin lors des prières collectives, quelques cartons sous-titrant les psaumes, et, à la fin, la confession de l'un des vieux moines assumant sa réclusion : "Tout ce qui nous arrive est pour le bien de notre âme."
Le spectateur est invité à partager l'expérience. Une longue immersion dans ce monde du mutisme et du dépouillement, une méditation cinématographique sur l'inlassable répétition des gestes, l'austérité du cadre et le rythme des saisons.
RÉCRÉATIONS ENFANTINES
Dans notre société saturée de bruits et d'appâts, c'est une retraite à accepter. D'aucuns y verront un martyre, d'autres un ressourcement, une ode au ralenti, au calme, à une autre cadence de respiration. Et un splendide document sur l'ascétisme.
Par l'image, Le Grand Silence répond à mille questions que l'on se pose. Le recyclage des objets, la liberté accordée à chaque individu, l'un ayant fait le vide autour de lui et l'autre vivant entouré de livres et de cahiers.
Les rites (sept prières en cellule par jour, plus les corvées, cuisine, distribution de nourriture, coupe du bois...), la tonte des cheveux régulière, les casiers où on se laisse des mots écrits, les récréations enfantines, (batailles de boules de neige et glissades sur une pente).
Le film impose sa litanie : plans du bénitier, de la serviette où l'on s'essuie les mains avant d'entrer dans l'église, chapelets, gouttes d'eau, orages, artisanat du tailleur et du cordonnier, sons de cloche, prostrations, psalmodies.
Et puis, il y a les visages. Impénétrables, quoique... La détermination du novice intronisé, des sourires échangés, ici cette noblesse d'âme qui affleure, et là cette humilité, cette joie intérieure, muette, discrète dans la transparence, quasi imperceptible tant les traits n'ont rien à exprimer, tant l'essence de l'homme s'est retranchée ailleurs.
Comment sort-on d'une telle expérience ? Gröning dit avoir découvert que, là-bas, "toute notion de péché, de culpabilité et de rachat est absente. Il n'y a que grâce, gratitude, légèreté. On en sort libéré de la peur, habité par la confiance. On n'a même plus peur de mourir".
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Ce que je retire de la comparaison des ces deux films?
La beauté visuelle de la Nature généreuse est un cadeau pour nos yeux.
Le Grand Silence et son intemporalité est un cadeau pour notre Ame.
Faire résonner au plus profond de soi les échos de ce Grand Silence et alors on éprouvera les plus fortes émotions à vivre en société entourés de nos proches.
Tentez l'expérience de vivre deux heures de Silence le week-end, sans brouhaha médiatique, sans ronflement de la télévision ou de l'ordinateur.
Il parait que les Français lisent moins de 5 livres par an, il est grand temps de retourner le sablier...